230.

La cuve-wagon continue de rouler.

Quand ils attaquent le dernier tronçon qui mène aux broyeurs, un homme se dresse soudain sur la voie. Il renverse une traverse de métal sur les rails et bloque les roues. Le choc manque de les faire dérailler.

Puis leur sauveur les aide à s’extraire un par un de leur prison de métal. Il a un masque à gaz sur le nez mais ce n’est pas un homme du commando. Il ne porte pas d’uniforme, pas d’arme, mais un costume bien coupé ainsi que des chaussures de ville souillées par la boue du Dépotoir.

— Merci, mais qui êtes-vous ? demande Esméralda, quand il tranche ses liens avec un couteau de poche.

— Vous êtes de la police ? questionne Fetnat, méfiant.

Sans répondre, l’homme enlève son masque à gaz.

Lui !

— Bonjour Cassandre, bonjour Kim. Je crois que la voie est libre. Que diriez-vous de sortir d’ici ?

Il pousse la courtoisie jusqu’à soutenir Orlando, qui peine à avancer. Une fois dehors, l’homme qui les a sauvés reçoit de plein fouet l’odeur du Dépotoir. Après avoir plusieurs fois dégluti, il préfère remettre son masque.

— Et vous êtes qui, au fait ? demande Orlando en grimaçant de douleur, alors que sa blessure s’est remise à saigner.

— C’est mon pire ennemi, explique Cassandre. C’est à cause de lui, pour le fuir, que je vous ai rejoints.

— En effet. Elle a raison. Je suis le directeur de l’école des Hirondelles, reconnaît simplement l’homme au masque à gaz.

— Comment nous avez-vous retrouvés ? demande Fetnat, qui s’est rapproché d’Esméralda.

— On m’a appelé.

Charles de Vézelay intervient :

— « On » c’est moi. Pendant que vous vous battiez contre les terroristes, j’ai utilisé mon téléphone portable et je lui ai expliqué la situation.

— J’ai hésité à appeler l’inspecteur Pélissier, poursuit Papadakis, mais je me suis dit qu’il valait mieux préserver votre clandestinité pour l’instant. Je n’avais pas envie de perdre du temps en explications. Donc je me suis juste arrêté dans une armurerie pour acheter le masque à gaz. On vend de tout là-bas. Ensuite, j’ai attendu que les tueurs s’en aillent pour passer à l’action.

Ils retournent à Rédemption en soutenant à tour de rôle Orlando dont la blessure s’est rouverte.

— Après l’incendie je vous ai détestée, lance-t-il d’une voix nasillarde. J’étais bien décidé à vous faire emprisonner et à ne plus jamais entendre parler de vous. Et puis j’ai réfléchi.

— Je suis un directeur d’école. Je n’ai pas à entrer en conflit avec mes élèves.

Il a changé. Il a modifié sa manière d’être et de penser. Ainsi certains qui semblent les plus bornés peuvent changer.

— Surtout si cette élève est peut-être la plus douée de toutes. Chez les chevaux c’est la même chose : les meilleurs sont les plus sauvages et difficiles à dresser. J’ai essayé de vous dompter et j’ai échoué. Vous restez un esprit exceptionnel, unique et ô combien utile au reste du monde. Moi seul le sais. Je le sais même mieux que vous. Donc, ayant ravalé mon orgueil et ma rancune, j’ai décidé de vous aider. Et, quand j’ai compris que vous étiez en grand danger, je n’ai pas hésité à venir à la rescousse.

Au fur et à mesure qu’ils approchent de Rédemption ils distinguent une troisième colonne de fumée.

Le Requiem joue en boucle. Arrivés sur place, ils constatent que leur village est en flammes. Les terroristes ont voulu éliminer toute trace de leurs actions. À l’odeur abominable du Dépotoir s’ajoute la puanteur du plastique fondu.

Ainsi Troie est en flammes. L’antique Cassandre, elle aussi, a dû assister à un tel spectacle, mais à une autre échelle.

Fetnat Wade est le premier à exprimer son opinion d’une manière extrêmement simple.

— J’n’aime pas les incendies.

— J’n’aime pas ces terroristes, ajoute Esméralda. Ils ont une petite mentalité mesquine.

— J’n’aime pas les dirigeants des pays qui les ont envoyés, surrenchérit Kim.

— J’n’aime pas le feu, conclut Orlando.

Philippe Papadakis ne peut s’empêcher de murmurer dans son masque, comme une revanche :

— Qui vit par le feu périt par le feu.

— Ici on n’aime pas les proverbes, répond aussitôt Kim. On pense que leur contraire fonctionne mieux.

— Ouais, reprend Orlando. On n’aime pas les proverbes.

— Mais on aime bien ceux qui viennent nous sauver, rectifie aussitôt Cassandre.

Ils crachent tous à tour de rôle.

— Nous n’avons plus qu’à reconstruire, déclare le légionnaire.

— En mieux, précise Fetnat.

— Ça tombe bien, j’aurais besoin d’un lit plus grand, signale Esméralda.

Kim Ye Bin regarde sa hutte d’où s’échappe une épaisse fumée grise.

— Par chance, j’avais sauvegardé toutes nos données sur un site hébergeur gratuit. Je pourrai tout récupérer avec mon code d’entrée.

Fetnat Wade ramasse sa pipe et tente de la rallumer avec un bout de chaise enflammé.

— On n’arrête pas aussi facilement les Rédemptionais.

— Si nos idées faisaient peur ou provoquaient la méfiance des internautes, déclare Kim, c’est parce que notre site était mal présenté. Nous allons faire renaître cet Arbre des Possibles. Et le futur ne sera plus comme avant.

— Ouais, j’aime bien ce site où l’on pose des idées rigolotes, reconnaît Fetnat Wade.

— J’aimerais bien qu’on reconstruise le village, dit Esméralda. J’aime bien cet endroit.

— J’aime bien qu’on sauve l’humanité, affirme Orlando. J’aime bien notre commando de choc.

Cassandre s’assoit par terre, sans cesser de fixer le village en feu.

— Je ne sais pas si j’y crois encore, laisse-t-elle tomber. Mon frère avait peut-être raison. Ils sont sans doute trop cons, on ne peut plus les sauver.

— Tu veux quoi ? Baisser les bras ? demande Kim.

— Non, je veux juste ne plus penser au futur. J’ai envie du présent. J’ai envie de vivre chaque instant plus fort.

— Ouais, eh bien dans le présent on a un petit souci.

Comme il n’y a pas d’eau pour éteindre l’incendie, ils s’assoient à l’écart et se contentent d’attendre que le feu s’arrête de lui-même.

Maintenant je veux savoir. Je dois savoir qu’est-ce vraiment que…

— … L’Expérience 24 ? questionne la jeune fille.

Le directeur de l’école des Hirondelles la regarde, puis baisse la tête.

— Ah Cassandre… Cassandre… Cassandre… Nous avons parlé de ton prénom. Mais nous avons oublié de parler de la seconde étiquette qui vous caractérise. Votre nom.

— Katzenberg ?

— Katzenberg. Littéralement, ce nom d’origine allemande signifie « Montagne du Chat ». Nous allons donc parler du gros matou caché derrière toute cette affaire, à savoir…

— Mon père ?

— Non. Quelqu’un d’autre.

— Qui ?

— Son frère, votre oncle. Isidore Katzenberg. Du peu que m’en a dit votre mère, c’est un ancien journaliste scientifique devenu libre-penseur. Un être un peu extravagant. Il est enfermé dans un château d’eau en banlieue parisienne. Il vit au milieu d’une piscine remplie de dauphins. C’est lui qui a eu l’idée de tout ça.

Cette fois, je sens que l’on approche de la vérité. Dans quelques secondes je saurai enfin…

Mais le directeur ne semble pas pressé.

— Ah, la puissance des idées ! Il n’y a rien, puis une simple connexion entre deux neurones crée soudain un enchaînement de concepts. D’infimes courants électriques circulent dans les synapses et l’idée apparaît, elle est mémorisée et se matérialise sous forme de protéine. Chaque idée devient de la matière. Ainsi, l’idée d’Isidore Katzenberg est devenue une protéine dans son cerveau.

— Quelle idée ? Qu’a-t-il fait ? s’impatiente Cassandre.

— Il en a discuté avec son frère, et leur projet s’est incarné sous la forme d’un être complet. L’incarnation de cette idée.

— Quoi ?

— Toi.

Moi ?

Esméralda et Fetnat fixent leurs huttes en flammes en se tenant la main. Les autres écoutent la voix nasillarde de Papadakis, à qui le masque à gaz fait un nez cylindrique.

— L’idée d’Isidore Katzenberg était particulièrement originale. Elle est même issue d’un concept de la Kabbale. Le nouveau-né sait tout, mais ce savoir étant gênant, un ange envoyé par Dieu vient lui parler juste avant sa naissance et lui fait tout oublier. L’empreinte du doigt de l’ange reste visible sous le nez de tout être humain.

Oui je sais, où veut-il en venir ? Pourquoi ne parle-t-il pas plus vite ? C’est insupportable.

— L’idée d’Isidore Katzenberg était que cette métaphore en cachait une autre. Selon lui, ce qui fait tout oublier c’est… la parole. Dès qu’un enfant prononce un mot, il commence à mettre sa pensée en prison, à l’enfermer derrière les grilles du langage.

Kim se redresse, intrigué.

— Au XIIIe siècle, le roi Frédéric II, qui parlait neuf langues, voulut connaître la « langue naturelle » de l’être humain. Il installa donc six bébés dans une pouponnière et ordonna aux nourrices de les alimenter, de les endormir, de les baigner, mais surtout de ne jamais prononcer devant eux la moindre parole. Il voulait savoir quelle langue ils choisiraient sans influence extérieure. Il pensait que ce serait le latin, le grec ou l’hébreu, seules langues essentielles à ses yeux. Mais non seulement les six bébés ne se mirent pas à parler du tout, mais ils dépérirent et finirent tous par mourir en bas âge.

— Ce qui montre que la communication est indispensable à la survie, remarque Charles de Vézelay.

Voyant que le feu commence à décroître, Esméralda va chercher une serviette et bat les flammes de sa hutte. Elle essaye de sauver ses brosses à cheveux et quelques bijoux qu’elle ramène brûlants et à moitié fondus.

— Est-ce que c’est cela, l’Expérience 24 ? demande Cassandre.

Philippe Papadakis tousse dans son masque à gaz et de la buée se dépose sur la vitre. On ne voit plus ses yeux.

— Votre oncle Isidore et votre mère ont beaucoup discuté de cette expérience de Frédéric II de Prusse. Isidore a dû dire quelque chose comme « Un poison peut devenir un médicament, selon son dosage. »

Fetnat hoche la tête en signe d’assentiment.

— ARRÊTEZ AVEC CES CONNERIES ! le bouscule soudain Cassandre. QU’EST-CE QU’ILS M’ONT FAIT ?

La jeune fille aux grands yeux gris clair a saisi Philippe Papadakis à la gorge. Celui-ci a du mal à desserrer l’étreinte. Il secoue la tête pour se dégager :

— Ils vous ont privée de parole, avoue-t-il.

Cassandre le lâche et laisse ses mains retomber sur ses genoux.

— Jusqu’à l’âge de 7 ans pour votre frère. Jusqu’à l’âge de 9 ans pour vous. Ainsi vous étiez… « purs », non souillés par les mots.

Non tyrannisés par notre cerveau gauche.

Cassandre se souvient vaguement des phrases lues dans le bureau de sa mère.

— Comme je vous l’ai dit, jusqu’à neuf mois le bébé ne voit pas de différence entre lui et le reste du monde. Après vient le « deuil du bébé », c’est la bascule, lorsque l’entité qu’il croyait être lui-même et qui s’avère autre chose s’en va et que l’enfant a peur qu’elle ne revienne jamais. Comme si son bras partait. Il s’aperçoit qu’il ne peut pas décider du moment de son retour. Et puis il nomme cette entité qui était lui et qui n’est plus lui.

Maman.

— Maman. Dès qu’elle est nommée elle devient étrangère. Voilà où commence la première fermeture d’esprit. Cette énergie d’amour, cette odeur, ce parfum, cette merveille de douceur, ce ne serait que ça : un être étranger à soi-même, une… maman. Ces cinq lettres et cette sonorité semblent tellement limitées pour décrire un phénomène aussi vaste qu’une mère. Puis l’autre silhouette répond à l’étiquette « papa ». Puis vient le reflet dans le miroir et à nouveau le monde se restreint.

— Alors apparaît le « Moi ».

Oui, je sais aussi cela. Moi est une restriction de la conscience. Ainsi un jour j’ai appris que je n’étais pas tout, je n’étais « que » moi. Ma pensée n’était pas illimitée, elle hante une caverne qui s’appelle « mon crâne » et elle est prisonnière d’un espace de peau étanche qui s’appelle « mon corps ».

— Moi est différent des autres. Moi est limité. Moi est attaquable. Moi se défend contre le monde qui le menace. Voilà où commencent les restrictions de l’esprit.

Philippe Papadakis poursuit sa pensée :

— Après « maman », « papa », « moi », le monde n’en finissait pas de se réduire au fur et à mesure qu’il était étiqueté et rangé derrière des mots. C’était la grande découverte de votre oncle, puis de votre mère. L’homme a voulu contrôler le monde au moyen des mots mais, en fait, il l’a juste « vidé de sens ». Les mots ont pris plus d’importance que ce qu’ils réprésentent. Mais c’était nier le réel. Le mot tigre ne mord pas. Le mot poids n’est pas lourd. Le mot soleil ne brille pas.

Le regard de Cassandre sur son directeur change complètement, elle le perçoit non plus comme un ennemi mais comme un révélateur.

— Avec les mots, les hommes ont pris le pouvoir. Ils ont défini les territoires. Ils ont classifié les animaux. Comme il est écrit dans la Bible « Dieu fit venir les animaux un par un devant Adam et celui-ci fut autorisé à les nommer. Et parce qu’il les avait nommés ceux-ci se soumirent à lui. »

Pendant que Cassandre digère ces informations, elle s’efforce de respirer le plus profondément possible. Le directeur de l’école des Hirondelles ajoute :

— « Nomen est omen » c’est-à-dire « Nommer, c’est s’approprier. » Voilà le secret entretenu par des générations d’entomologistes qui ont piqué des étiquettes dans le cœur des papillons pour les identifier à coups de mots latins compliqués. « Cette beauté fragile n’est pas un papillon, c’est un monarchus advantis simplex. »

Et moi je ne suis pas un être vivant et pensant, je suis « Cassandre Katzenberg, dix-sept ans, française, 52 kilos, fille du ministre de la Prospective, orpheline autiste recherchée par la police pour fugue, destruction volontaire de son école et assassinat de son frère ». Tous ces mots, en me définissant, m’emprisonnent et me réduisent.

Ma mère avait compris cela et elle a voulu me libérer de cette chape de plomb.

— Vous souvenez-vous maintenant de ce temps où vous avez vécu sans mots ? De zéro à neuf ans…

Ça y est, je commence à recevoir des images floues de mon album de photos niché dans mon esprit. Le vent, les animaux, les plantes, mes parents, et tout cela était « moi ». L’univers était moi.

Quand je tenais une fleur, mes doigts s’allongeaient jusqu’à devenir cette fleur.

Quand je regardais les nuages, les nuages me regardaient en retour et je voyais le monde depuis leur altitude.

J’étais l’orage et je me souviens avoir été flash lumineux électrique.

J’étais la pluie. Je me souviens avoir été multitude de gouttes frappant le sol et les arbres.

J’étais la rivière, je ressentais les graviers et les galets que je roulais et les truites qui me parcouraient.

J’étais les algues battues par le courant.

J’étais les arbres et je ressentais les racines qui cherchaient l’eau et les feuilles qui se régalaient de la lumière du soleil. J’étais l’araignée qui tissait sa toile dans les branches. J’étais la fourmi qui portait une brindille. J’étais acarien, bactérie, microbe.

J’existais dans toutes les dimensions. Dans toutes les profondeurs. J’avais le souvenir de toutes mes vies précédentes en remontant jusqu’aux hommes préhistoriques. Et maintenant je sais que je peux encore élargir cette conscience.

Jadis, avant d’être restreinte par les mots, j’étais TOUT.

J’étais toute-puissante car je gardais dans mon cœur le souvenir de la naissance de l’univers. J’ai été le big-bang et j’ai été toutes les formes de matière et de vie qui en sont sorties.

J’ai été sans limites.

— Cependant, l’absence de mots étant un poison mortel, comme l’avait signalé Isidore Katzenberg, vos parents ont compensé l’absence de paroles par trois choses : la musique, la nature et… leur amour. Vous aviez tout ce dont les enfants ont besoin, sauf les mots.

Le venin du serpent dilué dans le lait.

Kim Ye Bin a du mal à saisir la portée de ce qu’il vient d’entendre. Mais Cassandre est prise d’un irrépressible frisson.

— Que s’est-il passé quand j’ai eu neuf ans ?

— Ils vous ont appris à parler. Chaque mot prenait à vos oreilles une importance énorme.

C’est pour cela que j’aime tant les dictionnaires. Et que je veux connaître l’origine, le sens profond de chaque mot. Leurs racines. Ce sont aussi les miennes.

— Votre cerveau recevait chaque association de lettres formant un mot comme un trésor.

Comme un homme assoiffé qui a longtemps marché dans le désert et qui reçoit l’eau au goutte à goutte. Chacune acquiert une saveur extraordinaire.

— Après « Maman », « Papa », et « Moi », ils vous ont appris les noms des objets, des animaux, des végétaux puis, bien plus tard, les notions abstraites. Tout se rangeait proprement dans votre cerveau. Dans l’ordre. Lentement. Sûrement. En profondeur.

Ça y est, je m’en souviens. Chaque mot était un bijou précieux. Il était placé dans un écrin et rangé sur une étagère, classé par thème dans ma mémoire.

Les mots pour les sentiments.

Les mots pour les actions.

Les mots pour les réflexions.

— Votre cerveau avait connu la liberté. L’hémisphère gauche ne pouvait plus tyranniser l’hémisphère droit. Du coup, votre esprit était beaucoup plus sensible, affûté, imaginatif. Vous étiez une artiste parfaite car votre esprit, pendant neuf ans, était resté non seulement ouvert mais connecté à tout : les autres, la nature, l’univers. Et c’est là qu’intervient votre père.

Mon père ?

— Là encore, c’est votre oncle Isidore, lui aussi passionné de futurologie, qui l’avait présenté à votre mère. Ensemble, ils avaient parlé de l’Arbre des Possibles. En fait, le concept même d’Arbre des Possibles a été inventé par Isidore Katzenberg.

Mais oui, ça y est je m’en souviens, c’est lui l’auteur ! L’Arbre des Possibles c’est l’écrivain Isidore Katzenberg qui l’a écrit.

— Votre oncle et votre père considéraient que ce qui manquait le plus au monde c’étaient les visionnaires. Il avait l’impression que notre civilisation devenait aveugle, ignorante du futur, repliée peureusement sur son présent et sur l’avenir à très court terme.

— Il n’avait pas tort, reconnaît Kim en relevant sa mèche bleue.

— Il disait que les politiciens avaient renoncé à changer le futur. Les religieux, les philosophes et même les scientifiques n’osaient plus évoquer l’avenir, de peur de se tromper ou d’avoir l’air ridicule. Du coup, c’était comme si la notion même de futur commençait à disparaître. Tous deux ont discuté avec votre mère, ils l’ont convaincue d’utiliser les deux cerveaux encore vierges et hypersensibles de leurs enfants pour devenir des…

— Astrologues ? suggère Kim Ye Bin.

— Des visionnaires ! rectifie Philippe Papadakis.

— Subtil. Mais le don de divination ne peut pas s’apprendre.

— Tout peut s’apprendre. Tout peut se conditionner. On arrive même à apprendre à des souris à compter, et à des plantes à aimer la musique rock. Pourquoi pas entraîner des hommes à voir le futur ? intervient Charles de Vézelay.

— Comment ont-ils fait pour orienter mon cerveau vers le futur ? questionne la jeune fille.

— Par les livres et les films. C’est le choix particulier de vos nourritures spirituelles qui vous a conditionnée.

Cassandre se souvient de la découverte de la chambre de son frère qui ne contenait que des livres de science-fiction.

— Cette littérature spécialisée, qui est un vaste laboratoire expérimental où se fait le travail de prévision de l’avenir, exerçait votre cerveau à réfléchir au futur.

Je me souviens de cet afflux ininterrompu d’images. Je me souviens de tous ces mondes artificiels.

Je me souviens d’avoir vu le monde de Dune de Frank Herbert, la flotte de Fondation d’Isaac Asimov, la planète Hyperion de Dan Simmons, les Colonies de l’espace d’Orson Scott Card.

Je me souviens d’avoir vécu dans le vaisseau de Star Trek.

Je connais Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley et j’ai été terrifié par l’univers de 1984 de George Orwell.

Je me souviens des univers parallèles d’Ubik de Philip K. Dick, et de son Los Angeles futuriste du film Bladerunner.

C’est de là que me vient ma capacité à voir loin dans l’avenir. J’y ai baigné toute mon enfance. Ces éventails de futurs font partie de mes souvenirs.

— Sept ans de silence pour Daniel. Neuf ans de silence pour vous, Cassandre. Vous étiez comme des ressorts qu’on compresse et retient pour les lâcher ensuite.

… Dans la futurologie.

— Mais ce que vos parents n’avaient pas prévu, c’est qu’il y avait un prix à payer pour ces performances hors normes. « Tout ce qui est en plus s’équilibre avec un moins. » Et le moins c’est que vous étiez, comment dire ? « Sensibles » ? Non, le mot n’est pas assez fort. « Ultrasensibles », « écorchés vifs ». Pas encore ça. « Paranoïaques ? » Non, mais on s’en rapproche.

— « Psychotiques », complète d’elle-même Cassandre.

Il approuve.

— Effectivement. C’est le mot. Dès 7 ans, votre frère a montré des phases d’enthousiasme exubérant suivies de périodes de profond abattement. Il s’est précipité sur les livres de science-fiction qu’on lui proposait mais il est devenu cassant et méprisant envers les gens qui lui adressaient la parole. Il ne supportait rien. Il piquait des crises de rage pour des broutilles. Il tolérait mal qu’on le touche. Tout l’agaçait. Tout l’insupportait. Il était en révolte permanente. Ses accès de joie ou de rage étaient suivis de phases de déprime, puis de dépression. Juste après, il se mettait à écrire des formules mathématiques, et en particulier des lois de probabilités. Il n’avait aucune patience.

Pauvre Daniel. Il n’a pas choisi. On ne lui a pas demandé son avis.

— À treize ans il a fugué. La police l’a récupéré au bout de quatre mois, tout maigre, extrêmement affaibli. Il se cachait dans une cave dont il ne sortait pratiquement jamais. Vos parents ont pensé qu’il lui fallait un établissement spécialisé et ils l’ont intégré dans l’école créée par votre mère.

— Le CREAS… Centre de Recherche sur les Enfants Autistes Surdoués, complète le Coréen.

— Il y est resté jusqu’à ce que ses talents de mathématicien probabiliste soient détectés. Il s’est mis à intéresser le monde de la finance. Il a été engagé avec un salaire important par une boîte d’assurances.

— Et là, il a inventé Probabilis.

Cassandre regarde sa montre qui indique un tranquille 13 %.

— Tout allait bien jusqu’au moment où…

— … Il a voulu tester le saut dans le vide du haut de la tour Montparnasse. Débile.

— Trois morts. Cinq blessés.

L’expérience de trop.

— Plutôt que de s’expliquer, il a encore préféré fuir.

— C’est là qu’il a été intégré au ministère de la Prospective de mon père.

— C’était la seule manière de le récupérer. Mais le ministère avait beaucoup perdu de son influence. Quand Daniel a rencontré les experts et les énarques censés prévoir le futur, il s’est moqué d’eux. Votre frère avait tellement de mépris pour les autres. Quand je discutais avec lui il me disait que le « manque de courage » et la « pensée au ralenti de ses contemporains » l’horripilaient.

Cassandre relève ses mèches brunes mouillées de sueur.

— Et il s’est suicidé, dit-elle.

— C’est le principal problème avec les psychotiques. Ils ne supportent rien. Ils sont comme des écorchés vifs dans un monde qui les blessent en permanence. Du coup, beaucoup ont tendance à utiliser cette solution extrême pour mettre fin à leur douleur.

Cassandre contemple sa hutte qui finit de brûler. Elle n’a pas envie de sauver les poupées qui sont à l’intérieur.

— Et moi ? demande-t-elle.

— Vous êtes née alors que votre frère avait treize ans. Vous aviez quelques semaines à peine quand il est entré à l’école des Hirondelles comme pensionnaire permanent.

Cela explique qu’il me soit étranger.

— Vos parents considéraient que Daniel était une sorte de « première ébauche mal dégrossie ». Ils étaient conscients qu’il n’était pas au point. Ils ne voulaient pas vous perturber, ils ne vous ont pas parlé de lui.

Quel dommage !

— Et puis votre expérience était plus ambitieuse. Neuf ans de silence. Donc un cerveau encore plus libre, encore plus hypersensible, encore plus puissant.

Philippe Papadakis joue avec sa bague à tête de cheval. Puis, sans y prendre garde, il tutoie à nouveau la jeune fille.

— Ton père m’a tenu au courant de tout dans les moindres détails. Nous étions très amis, sais-tu ? Je peux te parler de cette période. Avant de connaître les mots tu étais plongée dans une jouissance permanente. Tu étais un être pur, sauvage et libre. Et puis, au bout de neuf ans, tout s’est achevé.

J’ai quitté le paradis.

— Tu as entendu des mots et on te les a expliqués. Toutefois, tu t’es révélée un enfant-roi tout-puissant. Tu étais, excuse-moi de te le dire, prétentieuse, capricieuse, sans la moindre compassion. Tu donnais des ordres à tes parents, tu les menaçais. Tu avais compris le pouvoir de la parole et tu l’utilisais comme arme pour faire souffrir.

— Elle en explorait les limites, suggère Kim.

— Par la terreur. Un jour, ton père m’a confié : « C’est la pire des enfants gâtées. »

Moi ? La pire des enfants gâtées !

— Et il a même ajouté : « Par moments, je me demande si notre expérience n’a pas engendré un monstre. »

— Qu’ai-je fait pour terroriser mes parents ? questionne-t-elle à voix basse.

— Tout d’abord, tu t’es servie de la nourriture. Un jour, tu as refusé de manger un plat de viande. Ils ont pensé que c’était un dégoût du bœuf. Mais tu ne voulais plus rien manger. Tes parents se sont inquiétés. Tu as perçu cette angoisse et tu as décidé d’en jouer. Moins tu mangeais, plus ils étaient embarrassés, plus ils s’occupaient de toi.

Et moins je mangeais, plus les rares aliments qui entraient dans ma bouche étaient source d’extase. L’économie des mots magnifie les mots. L’économie de nourriture magnifie les sensations gustatives.

— Tu es devenue maigre. Vraiment maigre. Tes parents ne savaient plus quoi faire pour te donner envie d’ingérer des aliments.

Philippe Papadakis la fixe.

— Un fils fugueur, une fille anorexique, voilà le résultat de leurs expériences 23 et 24.

On ne peut pas jouer impunément avec les cerveaux des enfants. Mon frère et moi n’avions rien demandé.

— Quand tu sentais tes parents à bout, tu te nourrissais un peu. Jusqu’à la prochaine crise. Tu avais vraiment inversé les rôles, c’était toi qui, par ton comportement alimentaire, récompensais ou punissais tes parents. Et eux t’aimaient de plus en plus. Il faut reconnaître qu’ils avaient terriblement peur pour ta survie.

Et ils se sentaient forcément responsables de ma différence.

— Et, plus ils t’aimaient, plus tu devenais autoritaire. Tu passais tes journées à lire de la science-fiction, à vivre dans la nature, à réfléchir en secret. Le déjeuner et le dîner étaient des instants de domptage de tes parents. Tu découvrais ton pouvoir sur eux. Ah ! tu étais cruelle. Très cruelle.

À présent, je me souviens un peu de ces instants.

— Mais il restait un domaine qui t’apaisait. Un seul : la musique d’opéra. Tu étais devenue spécialiste en chant lyrique. Tu connaissais chaque musicien, chaque chanteur, chaque interprétation. Quand tu as entendu parler du Nabucco de Verdi donné devant les pyramides, tu as insisté pour y aller. Tes parents n’aimaient pas l’opéra, encore moins les voyages. C’était compliqué à organiser. Mais, une fois de plus, tu as fait pression sur eux, à ta manière. Tu as cessé de manger jusqu’à ce qu’ils craquent. C’était ton dernier caprice : Verdi en Égypte.

Elle abaisse les paupières.

Bon sang. Ils sont morts à cause de moi !

D’un coup, toute sa vie de zéro à treize ans lui revient. Les scènes dans la maison familiale. Les visages lisses de son rêve reçoivent des yeux, un nez, et un sourire.

Papa. Maman. « L’ancienne moi ».

Elle se revoit à neuf ans, entend les premiers mots.

Elle se revoit avec l’assiette pleine devant leurs regards craintifs.

Je les tenais.

Elle se revoit dans la villa entourée de barbelés.

Elle se revoit dans la nature avoisinante avec sa sensibilité exacerbée.

J’étais la reine du monde et mes parents étaient mes esclaves. Mon cerveau pouvait beaucoup de choses à cette époque. Je ne subissais pas le monde, je le dirigeais.

Des images plus précises s’invitent dans son album intérieur.

Elle se revoit écoutant la musique.

Elle se revoit désignant l’opéra de Verdi.

Elle se revoit passant la douane et embarquant dans l’avion pour l’Égypte.

Elle revoit l’atterrissage, le taxi qui mène à l’hôtel, les vêtements chics pour aller au concert.

La pyramide de Khéops.

Tout le monde s’assoit, le chef d’orchestre salue, se tourne vers ses musiciens, et le Nabucco démarre, ample, terrible, annonciateur de drames.

Les trompettes résonnent.

Les chœurs chantent.

Dans cette musique, la tragédie était déjà annoncée et dans mon aveuglement et mon égoïsme je ne voyais cela que comme une œuvre d’art alors que c’était un signe. Toute cette furie musicale ne faisait que m’avertir de l’arrivée imminente de la mort.

Elle grimace.

Et comprend la raison de ce brusque accès d’amnésie.

La culpabilité de les avoir amenés à l’endroit où ils ont été tués.

Ne pouvant supporter un tel poids de responsabilité, j’ai préféré oublier tout ce qui s’était passé avant cet instant.

En voulant venger ses parents, son cerveau tourné vers le futur s’est focalisé sur ce qui avait tué sa famille : les attentats terroristes.

Voilà, maintenant toutes les pièces du puzzle sont en place.

Cassandre respire de plus en plus fort, puis commence à haleter. Son corps se révèle à nouveau un gestionnaire de mémoire. Elle est prise de nausées qui tordent ses entrailles et la retournent de l’intérieur. C’est comme si tout ce passé immonde qu’elle avait voulu étouffer se réveillait d’un coup.

Je suis responsable de la mort de mes parents pour un caprice. Un opéra devant les pyramides.

Elle se met à genoux et laisse sortir tout ce qu’il y a dans ses tripes. Le Dépotoir semble l’endroit idéal pour ça. Tout ce qu’elle a accumulé et transporté avec elle doit désormais être expulsé. Mais elle ne pensait pas que ce serait aussi douloureux.

— Je suis un monstre, répète-t-elle entre deux vomissements, un monstre.

— Non, dit Kim. Tu es juste comme nous. Un être avec du bon et du mauvais. Tu n’es pas responsable de ce que tes parents ont tenté sur toi et sur ton frère. Ce sont eux qui ont décidé de jouer avec le feu. Et ils s’y sont brûlés.

Elle a encore un haut-le-cœur qui la déchire. Philippe Papadakis la regarde avec compassion.

— Tu voulais savoir qui tu étais. Maintenant tu sais.

Je suis un monstre. Je ne mérite pas de vivre.

Tous pourront connaître leur Rédemption, sauf moi.

Car mon crime est impardonnable.

— Ça va, Princesse ? demande Kim Ye Bin avec une pointe d’inquiétude.

Elle respire à fond, les paupières serrées. Un mot jaillit dans son esprit. Elle le prononce sans réfléchir :

— Pardon.

— Quoi ?

C’est le seul mot capable d’apaiser les tensions qui existent en moi. Pardon. Je pardonne à mes parents de m’avoir rendue différente des autres en tentant une expérience scientifique sans me demander mon avis. Je pardonne à mon frère de m’avoir abandonnée. Je me pardonne à moi-même d’avoir amené mes parents dans le lieu où ils se sont fait assassiner. Voilà, il fallait que je prononce ce mot qui me manquait. Maintenant, les nœuds sont dénoués. Pardon, mille fois pardon.

Autour d’eux, la fumée monte, formant en s’effilochant une sorte d’arborescence plate.

Philippe Papadakis enlève son masque et s’efforce de supporter la puanteur. Quand il parvient à respirer, il articule :

— J’ai un cadeau pour toi, Cassandre.

 

Le Miroir de Cassandre
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